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La légende d’Aranol

Je vais vous conter ici une légende machiavélique qui se déroule il y a fort longtemps. Cette histoire est peu connue, seuls certains êtres pratiquant encore la sorcellerie la connaisse et se la narre les soirs de pleine lune, au coin d’un étang recouvert par la brume. Le simple fait de raconter cette histoire fait frémir les plus courageux, il paraitrait même que lorsque l’on parle d’Aranol, les chouettes arrêtent d’ululer, les chauves-souris font du base-jump et les orées des bois prennent des formes étranges …

Naissance d’Aranol

En l’an de grâce 42, un jeune homme naquit – non sans mal – dans une contrée lointaine nommée Gougueule. Cette bourgade tirait ce nom du comte Matthieu Coupe, qui faisait beaucoup de promesses aux villageois, mais n’en tenait point la moitié. Ce village reclus était fort connu pour être en conflit avec les cités voisines, à savoir Iaou et Binegueu.
La première, Iaou, était profondément jalouse de Gougueule, puisque selon la légende, Matthieu Coupe avait envoyé des espions afin d’analyser le plan social de cette ville qui, selon les sources de l’époque, n’avait rien à envier à personne.
La seconde Binegueu, était quant à elle beaucoup plus chaotique. Elle faisait miroiter à ses habitants une société parfaite en modifiant tous les jours les toiles qui recouvraient les murs de la ville, donnant ainsi l’impression que le village s’était déplacé durant la nuit.
Autant dire qu’il ne faisait pas bon passer les remparts de son village lorsque l’on habitait une de ses villes.
Le petit Aranol grandit donc dans la ville de Gougueule, ou il passa la totalité de sa jeunesse. Les distractions étaient très restreintes à Gougueule, alors pour combler ce manque et ainsi éviter à leur fils de passer une enfance morose, les parents d’Aranol lui achetèrent un paon. Jusqu’à l’âge de 14 ans, tout se déroulait à merveille pour le petit Aranol – hormis bien sur les centaines de promesses du comte Matthieu Coupe non tenues – jusqu’au soir ou le drame se déroula.
En effet, le paon d’Aranol (ou pandaranol comme les écrits le relatent dans nos grimoires) échappa de Gougueule pour se rendre dans la cité de Binegueu. Aranol, extrêmement attaché à son compagnon parti à sa recherche. Les ruelles de Binegueu étaient sombres, il n’y avait plus un bruit, ormis peut-être celui des oualpepeurs, les citoyens en charge du changement de toiles sur les murs de la ville.
Aranol aperçu son paon à quelques mètres de lui. Il s’approcha lentement, en s’efforcant de ne pas faire de bruit pour ne pas faire fuire l’animal, lorsque soudain, trois gardes apparurent devant lui. Les 2 premiers lui attrapèrent chacun un bras et le troisième se dressa devant lui.
« Qui es-tu jeune étranger », s’exclama t-il avec une voix légèrement beuguée (c’est un terme de l’époque pour définir une voix raillante et grave à la fois, un peu lorsqu’un adolescent traverse la puberté).
« Je suis Aranol, de la cité de Gougueule et je viens chercher mon paon », répondit alors le jeune homme.
Les gardes, alors persuadés qu’ils avaient à faire à un espion, ne crurent pas un mot de ce que leur racontait Aranol. Ils décidèrent donc de le mettre au cachot pour la nuit et de présenter les faits le lendemain au comte Matthieu Coupe (qu’ils détestaient plus que tout). C’était une véritable aubaine pour eux, puisque cela faisait plusieurs mois qu’ils avaient mis en place un haut nez pote afin de piéger les espions de Gougueule, mais sans franc succes.
La nuit passa. Pour Aranol, ce fut la plus longue nuit de sa vie, seul dans ce cachot. Ses parent devaient etre morts d’inquiétude. Il s’en voulait tellement, il savait qu’il ne fallait pas passer les remparts de Gougueule, ses parent lui avait répété cela durant toute sa petite enfance. Peu importe, les premiers rayons de soleil commencaient à s’immicer au sein du cachot, par la petite fenêtre qui surplombait le bloc de pierre qui faisait office de lit. Cela signifait qu’Aranol allait bientôt etre ramené dans son village.
Quelques instants après le lever du soleil, une clé s’immisça dans la serrure de la porte de son cachot et la porte s’ouvrit lentement dans un grincement désagréable. Le garde de la veille fit son apparition et lui demanda de le suivre. Après 15 minutes de marche, ils parvinrent au château de Gougueule, ou Matthieu Coupe et une grande partie de la population se tenait. Les parents d’Aranol étaient la, heureux de le revoir, mais portant une lourde peine sur leurs épaules, car ils savaient très bien le sort qui allait s’abattre sur leur fils.
Le garde se présenta devant le comte Matthieu, lui chuchota quelques mots au creux de l’oreille, ce à quoi le comte lui repondit de la même manière. Le garde s’en retourna alors après une poignée de main suivie d’un geste totalement désinvolte de la part des deux protagonistes.
Aranol, lui était totalement décomposé, surtout qu’il avait reconnu la famille coolioo qui se tenait proche du comte. Cette famille était très influente dans le village, car elle possédait à elle seule 80% des habitations de Gougueule. Le sorcier Paul – surnommé « le tigre » dans le village – ne voulait pas assister à ce spectacle puisqu’il en connaissait déjà l’aboutissement.
« Aranol », commença le comte, « Tu as franchi les remparts de notre ville. Sais tu ce que cela signifie ? »
« Mais, monsieur le comte, j’étais juste parti cherche mon paon qui … » répondit le jeune homme alors interrompu par un membre de la famille coolioo.
« Il a bon dos l’pandaranol hein. C’est facile de s’en sortir comme ca ! » dit alors Madame Coolioo.
La foule hua alors le jeune garcon, en criant « dehors Aranol », qui se mit à pleurer en comprenant ce qui l’attendait.
« Demain à l’aube », dit Matthieu Coupe, « tu devras avoir quitté la ville. C’est ainsi que sont traités ceux qui franchissent les remparts de notre ville. »
Aranol s’en alla rejoindre ses parents, en larmes également, et tous les trois allèrent se réfugier dans leur demeure pour passer leur dernière nuit ensemble.

L’exil d’Aranol

Ce fut une longue période dans la vie d’Aranol. Il passa plus de 20 ans en dehors de Gougueule, accompagné de son paon qui refusa de rester dans la ville lorsqu’il s’en alla.
Il se refugia durant tout ce temps dans la forêt, maître lieu de tous les sorciers, druides et enchanteurs. Il y rencontra Paul, qui avait fuit Gougueule après avoir passé des années à profiter du système de cette ville et de l’ignorance et l’incompétence du comte Matthieu Coupe. Paul lui enseigna la magie noire pendant plus de 10 ans, faisant ainsi de lui un des sorciers les plus redoutés de la forêt.
Les années passèrent, et Aranol avaient presque oublié d’ou il venait. Mais ses parents lui manquaient. Ils se posait des questions, se demandait si ils n’étaient pas devenus la risée du village, si ils étaient encore en vie. Ces interrogations n’étaient pas quotidiennes, mais elles étaient incessantes, ce qui empêchait Aranol d’atteindre le niveau de son maître.
Paul bien sur savait tout cela, mais il ne dit rien, laissant ainsi Aranol apprendre à surmonter ses angoisses.
Un soir, alors qu’ils se livraient tous les deux à un combat de sorcellerie, Paul interrompit le combat et dit à Aranol :
« Ecoutes moi Aranol. Je sais que tu te poses beaucoup de question sur le destin de tes parents. C’est ce qui t’empêche d’atteindre l’aspect le plus sombre de la magie noire. Afin d’y parvenir, nous allons retourner à Gougueule et nous les envahirons avec le pandaranol !! Si tu parviens à faire cela, tu seras alors un sorcier reconnu, et même Matthieu Coupe ne pourra plus rien contre toi. Il sera à ta merci et la famille coolioo se souviendra du pandaranol et te devra respect jusqu’à l’éternité. »
Une flemme sembla alors s’allumer dans la pupille d’Aranol, qui était fasciné par la clairvoyance de son maître. Il voulait donner à Gougueule un nouveau souffle, en répandant sur la ville une angoisse et une atmosphère écrasante, portée par pandaranol.
C’était décidé, il partirait d’ici 2 jours et s’emparerait de Gougueule.

Ultime combat

Un soir de l’hiver 83, soit 27 ans après son exil, Aranol remit pour la première fois les pieds à Gougueule. Il lanca sa première incantation qui illumina la totalité de la ville. Les habitants se mirent alors à sortir de leur maison, étonnés et inquiets de ce phénomène étrange.
Aranol jetta alors un sort à son paon, qui se mit à courir dans les rues de la ville et à paonner si fort que tous les enfants se mirent à pleurer et que certaines vitres se brisèrent. Madame Coolioo reconnu le pandaranol et voulut crier, mais ce qui suivait le paon lui coupa la voix. Une épaisse brume se répandait juste derrière le paon, au sein de laquelle on apercevait la mort.
Elle était belle et bien la, avec sa faucille dans une main et une serpe dans l’autre. Paul profita de cet envoûtement pour se hisser en haut de la serpe afin de rappeler aux habitants de Gougueule qui il était.
Matthieu Coupe supplia Aranol de mettre fin à ce maléfice, qu’il voulait bien qu’il revienne et qu’il arrêterait de faire des annonces bidons qui ne pénalisaient qu’une partie de la population.
Aranol accepta en sachant désormais que tout le monde le respecterait, et s’en alla rejoindre ses parents qui se tenaient sur le pas de la porte, tellement émus qu’ils ne parvinrent pas à prononcer le moindre mot.

La morale de cette histoire c’est qu’il n’y en a pas.

C’est ainsi que se termine la légende d’Aranol.

28 réponses sur « La légende d’Aranol »

@Pandaranol Seo
Efficace ton lucky-luke jeremy 😉
Ca me rappelle le bon temps du « first » !!

@Aranol
Comme quoi le hasard fait parfois bien les choses 😉
Ca compte l’ancre du commentaire ?

@Audrey
Merci, malheureusement les chapeaux blancs dans la légende d’Aranol ne furent que très peu à oser se mesurer à Paul et son élève. Ils étaient présents mais n’occupaient que les parties reculées de Gougueule, la magie noire étant sur-utilisée dans cette ville à cette époque 🙂

@RDD, ce n’est pas Lucky sur ce coup-là, je cherchais ce que tu racontais a propos de tes RT et je suis tombé de suite sur ta MAJ Twitter donc j’ai sauté sur l’occas. 😉

@RDD : Le hasard ne fait pas bien les choses. C’est ton subconscient qui t’a proposé Aranol parce que j’avais déjà posté un commentaire chez toi il y a quelque jour 😉

@RDD : Mon commentaire précédent n’est pas passé ?
Je disais donc : Non ce n’est pas le hasard, j’ai déjà posté un commentaire avec le Nom Aranol chez toi il y a quelques jours 🙂
Ton subconscient te l’a rappelé tellement mon commentaire t’avait marqué 😀

@Pandaranol 1er
Inventer l’histoire ne me prend que très peu de temps. Par contre l’écrire et la relire m’en prend beaucoup plus 😉
Pour info j’ai du passer entre 30 minutes et 1 Heure pour l’ecrire et autant de temps pour la relecture + correction.

@Jeremy
Bien joue alors 😉

@Aranol
Non non, je t’assure que je n’ai pas vu passer de comm avant celui-ci. Et pour info, akismet n’aime pas trop les magiciens 😉

Je connais cet histoire, mais autrement.
Cela se passait dans les contrées d’Aranol au bord d’un fleuve qui gueule et le garçon s’appelait Pan. Dans le monde, on l’appelait Pan d’Aranol.
Au fil des temps, pour ne pas confondre avec l’Autre qui jouait de la flûte, on préférait l’appeler par le nom de son pays… Mr d’Aranol…
Juste une petite mise au point historique 🙂

@Virus Pandaranol
Surtout que les renards raffolent des castors 😉

@Taiphan
Je crois que tu te fourvoies, celui que tu cites s’appelle Pan, Peter Pan

@Vincent
Merci. Pour la webserie c’est une bonne idee ^^

@Thibaut
Merci bien, il fallait un peu de vrai contenu dans ce monde de markoviens 😉

« La morale de cette histoire c’est qu’il n’y en a pas »

Zut, sinon j’aurais pu te refiler l’adresse de la société de production (dont nom finit aussi par « ol » ?) qui a racheté les droits de ma webserie Pandaranol !

Les américains ne conçoivent pas qu’une histoire puisse être sans morale 😉

Merci pour le forty twoo 🙂
Je viens d’y faire aussi 2 ou 3 bricoles et la réponse 42 est passée en 1ère page (ton lien aide sans doute en complément, merci encore).

Sinon, tu fais quoi le soir vers 20h30 ?
Parce que j’ai un fiston de 6 ans qui adore les histoires de papa au coucher, mais de temps en temps, un conteur de grand talent serait le bienvenu 🙂

Hehe 😉

Malheureusement (ou heureusement je ne sais pas), le soir a 20H30 j’en ai déjà 2 a endormir, et parfois, les histoires partent un peu en vrille 🙂 C’est pour cette raison que je suis repassé aux bons vieux livres, qui eux ont une limite 😉

Ça pourrait être un bon concept d’ouvrir un collectif de conteurs devant leur webcams qui raconteraient des histoires aux enfants le soir !! Un peu a la « Allez,raconte ! » http://www.youtube.com/watch?v=JiMqwkXc7n8

Toujours aussi dingue ces histoires.

Pour ton coup de « allez raconte », c’est quand même mieux de pouvoir leur raconter nous même des histoires. Même si c’est vrai que si tu en inventes une tous les soirs, ça va être dur à force.

Et puis, faudrait éviter de les habituer aussi vite à un ordinateur, ils seront assez vite accro

Pour une à deux heures de rédaction / correction, moi je trouve l’histoire plutôt bien fichue.
Petite faute à l’avant-dernière ligne : « se parents » au lieu de « ses parents » 😉 (histoire de bien finir l’histoire)

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